« Les singles,
les tubes sont ce qui compte le Singles plus pour moi », déclare Tennant
en 1993. « Ils sont l'essence même de la pop-music. J'aime la discipline
qu'ils imposent. Et puis, ils revigorent la pop-music de façon hebdomadaire,
grâce au Top 40. » À ce jour, les Pet Shop Boys ont publié trente-neuf
singles. Quatre ont atteint la première place des charts anglais (West
End Girls, It's a Sin, Always on My Mind et Heart) ; seize autres se sont
classés dans les dix meilleures ventes. Un temps, l'accueil mitigé réservé
aux singles extraits de Release et la non-publication en Angleterre de
London (voir à Allemagne) a suggéré que le duo s'était résigné à abandonner
ce format. Depuis, l'annonce que le groupe extrairait deux singles de
la compilation qu'il publiera fin 2003 est venue démentir cette impression. |
Les singles
extraits des différents albums du duo sont signalés, avec leurs faces
B (remixes exceptés), tous formats confondus, à la suite des chroniques
desdits albums. Il faut leur ajouter quelques singles publiés par ailleurs,
à savoir : la première version de West End Girls (1984), One More Chance
(publié uniquement en Belgique et aux États-Unis, 1984), Absolutely Fabulous
(1994), Somewhere (avec les faces B The View From Your Balcony et Disco
Potential, 1997) et It Doesn't Often Snow at Christmas (réservé aux membres
du fan-club, 1997). On signalera également Run Girl Run (2001), single
attribué à Billie Trix (mais en fait écrit et produit par les Pet Shop
Boys sous les noms de Merlin Zoot et Lenny Snatch) et mis en vente dans
le théâtre où se tenaient les représentations de Closer to Heaven.* |
Le premier
(et plus grand) hit des Boys est inoubliable pour son accroche au synthé,
ses paroles ambiguës et l’innovation que fut son « rap anglais ». Les
paroles sont parfois cryptées d’obscures références, Neil ayant affirmé
qu’elles ont été écrites d’un jet avec différentes voix narratives. Il
a aussi cité le rap « The message », hit des Grandmaster Flash (1982),
qui a inspiré toute une flopée de disques qui ont adopté le style « parlé
», décrivant comme dans WEG la décadence urbaine. |
Certaines
phrases de la chanson semblent refléter un manque d’identité et une vie
sans but (« Nous n’avons ni futur, ni passé »), communément ressenti par
la génération 80, basée sur le fric (« T’as combien ? »). Neil joue aussi
sur les différences : riches/pauvres, classe bourgeoise et ouvrière, le
Londres East End/West End (qualifié ici de «monde sans issue»). Toutes
les interjections du style « tu l’as eu ? Tu en as ? » entre autres, font
référence au langage des quartiers malfamés où l’on se procurait de la
drogue dans les rues de l’Angleterre Thatchérienne. |
Sinon,
l’intérêt bien connu de Neil pour l’histoire et particulièrement celle
de la Russie est évidente dans la phrase « du lac Léman à la gare Finland
», qui se réfère à la route de chemin de fer emprunté par Lénine durant
la Première Guerre Mondiale quand il fut chassé de Russie par les Allemands.
Quelques remixes incluent d’autres références russes comme le comique
« Pour qui te prends-tu, Joe Staline ? » (en parlant de remixes officiels,
WEG détient le record du titre des PSB en ayant le plus : une vingtaine
!). Qu’ont avoir ces références avec le premier scénario du Londres
des bas fonds si ce n’est le fait d’évoquer des images de révolution
dans la tête de l’auditeur ?
|
WEG fut
d’abord enregistrée avec le producteur américain « Bobby O » Orlando et
fut déjà un hit dans quelques pays (notamment en Belgique). Il a été ensuite
réenregistré quand les Boys ont rejoint EMI, et c’est cette seconde version
qui a connu un succès international sans précédent, étant numéro un dans
la plupart des pays du monde. |
« One more
chance » est un vieux morceau, initialement réalisé par Bobby O’, qui
en avait fait une version beaucoup plus « primitive », distribué dans
de nombreux pays (incluant la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas),
bien avant la sortie de « Please » et qui fut ressuscité pour « Actually
». |
Cette chanson
est le plaidoyer d’un ancien amant (ou sur le point d’être quitté) qui
demande à son ex petit ami de lui donner « une dernière chance » car d’après
lui il a été injustement calomnié par des personnes qui ont colporté des
rumeurs et mensonges à son sujet. |
A présent,
alors qu’il a été rejeté par son ex à cause de ces histoires, il hante
les rues de la ville, dans un piteux état psychologique, comme s’il était
mis en quarantaine. Pour rendre musicalement cet état, Neil et Chris ont
beaucoup travaillé à exagérer l’aspect agité et psychotique du morceau. |
Le premier
(et plus grand) hit des Boys est inoubliable pour son accroche au synthé,
ses paroles ambiguës et l’innovation que fut son « rap anglais ». Les
paroles sont parfois cryptées d’obscures références, Neil ayant affirmé
qu’elles ont été écrites d’un jet avec différentes voix narratives. Il
a aussi cité le rap « The message », hit des Grandmaster Flash (1982),
qui a inspiré toute une flopée de disques qui ont adopté le style « parlé
», décrivant comme dans WEG la décadence urbaine. |
Certaines
phrases de la chanson semblent refléter un manque d’identité et une vie
sans but (« Nous n’avons ni futur, ni passé »), communément ressenti par
la génération 80, basée sur le fric (« T’as combien ? »). Neil joue aussi
sur les différences : riches/pauvres, classe bourgeoise et ouvrière, le
Londres East End/West End (qualifié ici de «monde sans issue»). Toutes
les interjections du style « tu l’as eu ? Tu en as ? » entre autres, font
référence au langage des quartiers malfamés où l’on se procurait de la
drogue dans les rues de l’Angleterre Thatchérienne. |
Sinon, l’intérêt
bien connu de Neil pour l’histoire et particulièrement celle de la Russie
est évidente dans la phrase « du lac Léman à la gare Finland », qui se
réfère à la route de chemin de fer emprunté par Lénine durant la Première
Guerre Mondiale quand il fut chassé de Russie par les Allemands. Quelques
remixes incluent d’autres références russes comme le comique « Pour qui
te prends-tu, Joe Staline ? » (en parlant de remixes officiels, WEG détient
le record du titre des PSB en ayant le plus : une vingtaine !). Qu’ont
avoir ces références avec le premier scénario du Londres des bas fonds
si ce n’est le fait d’évoquer des images de révolution dans la tête de
l’auditeur ? |
WEG fut
d’abord enregistrée avec le producteur américain « Bobby O » Orlando et
fut déjà un hit dans quelques pays (notamment en Belgique). Il a été ensuite
réenregistré quand les Boys ont rejoint EMI, et c’est cette seconde version
qui a connu un succès international sans précédent, étant numéro un dans
la plupart des pays du monde. |
«Opportunities»
a été décrite par Neil comme «une chanson cynique mais pour du rire»,
et nombreuses furent les personnes à l’entendre au premier degré et ainsi
prendre les Boys en grippe ou les observer dès lors avec beaucoup de suspicions.
Le problème vient de la capacité de l’auditeur à faire la différence entre
le chanteur d’une chanson et la personne qu’il évoque quand il chante.
Ainsi, le narrateur de «Opportunities» est loin d’être Neil lui-même puisque
ce dernier n’a jamais obtenu de doctorat en mathématiques (cité dans la
liste du C.V. des «qualités» du narrateur) |
Il semble
que les Boys y fassent la satire de l’attitude de nombreuse pop stars
qu’ils suspectent (à raison) dans leur poursuite de la gloire. On peut
aussi voir la chanson comme un tableau de la société matérialiste de l’ère
Thatcher/Reagan où prévalaient l’avidité et l’arrivisme. Et les Boys ont
voulu le traiter avec la distanciation que permet l’humour et dont ils
allaient user tout au long de leur carrière, faisant de l’ironie une de
leurs marques de fabrique. |
Malheureusement,
le message n’a pas été compris, surtout aux USA où l’on ne se permettait
pas de toucher au mythe du rock and roll, qui se voulait au-dessus de
tout problème pécuniaire (ça a bien changé depuis). Les musiciens qui
se vantaient de faire du fric étaient alors considérés comme des traîtres
ou des imposteurs. Ainsi Tennant et Lowe se sont mis à dos la majorité
du public US par incompréhension de leur satire, alors que, comble de
l’ironie, «Opportunities» est leur seul single qui ait été un plus gros
hit aux US (#10) qu’en Angleterre (#11). |
Heureusement,
Neil et Chris n’ont en eu cure et ont continué leur bonhomme de chemin,
fidèles à qui ils étaient, ne s’étant jamais considérés comme des «rock
stars», au point même de souvent les ridiculiser par après (le point culminant
fut le détournement disco des U2, sans parler d’une de leurs futures faces
B au titre explicite «How I learned to hate rock and roll»). |
« Tôt ou
tard, cela arrive à tout le monde. ». « Love comes quickly » se veut une
chanson directe en décrivant comment l’amour peut frapper soudainement
à la porte de chacun sans qu’il s’y attende, qui que l’on soit, quoique
l’on fasse pour l’éviter. |
« Tu ne
peux t’empêcher de tomber (amoureux). » On peut d’abord prendre cette
phrase au premier sens où on l’entend mais c’est sans compter Neil et
ses sousentendus qui voudraient que l’on comprenne aussi « Tu ne peux
t’empêcher de tomber », même si cette chanson se veut au final optimiste:
«L’amour arrivera toujours à trouver son chemin jusqu’à toi.» |
Mais même
ceux qui ont un « goût pour les plaisirs défendus » ne sont pas à l’abri.
En fait, Neil et Chris suggèrent que c’est la nature même de l’amour de
frapper « quand on s’y attend le moins » |
De ce qui
peut encore une fois être pris pour un thème bateau ou cliché, les Pet
Shop Boys en font quelque chose de merveilleusement profond avec un texte
simple et pénétrant et une mélodie délicieusement envoûtante. Pour la
petite histoire, c’est le producteur Stephen Hague qui a contribué au
pont (« I know it sounds ridiculous... »), voilà pourquoi il est crédité
sur la chanson |
Les Boys
ont décrit « Suburbia » comme « une épopée de chiens fous et de hooligans
» qui a été inspiré par le film du même nom de Penelope Spheeris sur des
jeunes «casseurs de banlieues» qui squattaient en périphérie de Los Angeles.
Très citadins eux-mêmes, Tennant et Lowe se sont servis de ce titre pour
exprimer ce qu’ils considèrent « l’horreur suprême » (comme l’indique
le sous-titre d’un de leurs remixes, « The Full Horror » par Julian Mendelsohn)
: la vie de banlieue américaine, qui peut se révéler plus cruelle que
ne le laisse penser sa surface lisse et superficielle. |
Les chiens
mentionnés dans les paroles et aboyant ça et là dans la chanson symbolisent
probablement la bestialité sous-jacente de l’être humain. Dans le film
de Spheeris, des chiens enragés jouent un rôle important. Dans la scène
d’ouverture par exemple, on voit un chien malmener un bébé. |
Il est étonnant
à relire ces paroles de voir combien 20 ans plus tôt, Neil avait décrit
une situation encore très actuelle (cf. les émeutes de 2005 en banlieues
parisiennes). |
« Suburbia
» fut un gros hit en Angleterre et en Europe (N°1 en Allemagne de nombreuses
semaines) mais considérablement moins aux US. Pour la petite anecdote,
Chris a remarqué que la ligne de basse était « virtuellement la même »
que celle de « Into the groove » de Madonna. |
« Paninaro
» fut d’abord la face B de « Suburbia ». Mais ce titre eut droit aussi
à sa propre sortie en single en Italie, où la chanson a les origines de
son thème. Effectivement au début des années 80, l’Italie a vu naître
un phénomène culturel dans son pays, particulièrement chez les jeunes
hommes, soignant leur image, portant les cheveux mi-longs avec serre-tête,
jeans baggy et bottes Timberland, roulant en scooter, et gros consommateurs
de sandwiches (en italien : panini, de là est venue la déclinaison en
paninaro). |
Chris eut
vent de ce phénomène lors de la promotion de « West End Girls » sur la
péninsule italienne et s’en suivirent alors une succession d’événements
qui permirent la naissance de ce qui allait devenir un disque culte. Chris
et Neil rapportèrent le phénomène à un ami journaliste du Rolling Stone
Magazine. Un autre journaliste, ayant mal compris l’article, en écrivit
un suivant, rapportant à son tour que les Boys avaient écrit une chanson
sur le sujet s’appelant « Paninaro », ce qui n’était pas encore le cas
à ce moment là. Quand les Boys lurent l’article, ils comprirent la méprise
mais trouvèrent l’idée terrible ! Ils prirent un morceau sur lequel Chris
venait de travailler et ce dernier lista ce qu’il aimait et détestait
le plus et décida de l’inclure dans la chanson, en y rajoutant des extraits
d’une interview télévisée qu’il venait de donner, Neil se contentant de
chanter uniquement « Paninaro ohohoh » sur le refrain. La chanson était
née, grâce à l’erreur d’un journaliste ! |
Un « italian
remix » peut se trouver sur le premier « Disco » et une dizaine d’années
plus tard, le morceau refit surface dans une nouvelle version, « Paninaro
‘95 ». |