Il y a beaucoup
à dire sur « Left to my own devices ». D’abord, on pourra noter que cette
récitation d’événements quotidiens, avec son traitement orchestral et
dance, donne un air furieusement gay et épique à la chanson. Les Boys
voudraient-ils nous indiquer que la vie de tous les jours est épique en
soi ? Un critique anglais a par ailleurs décrit cette chanson comme étant
le récit, emprunt de détachement, et le portait très réaliste, de ce que
peuvent être les journées d’une personne «se sachant différente». |
Les éléments
autobiographiques sont nombreux : Neil a admis par exemple qu’enfant,
il avait vraiment joué au « général partisan » - les Roundheads faisaient
partie de l’armée du Parlement, qui combattait ardemment les forces du
Roi Charles 1er lors de la guerre civile anglaise (les Pet Shop Boys ont
toujours été anti-monarchistes). On a aussi rapporté que la mère de Neil
fut très attristée quand elle entendit pour la première fois la chanson
(surtout quand il dit : « J’étais un enfant solitaire »), à la seule idée
que son fils ait pu avoir une enfance difficile. |
Quant au
célèbre couplet, sans doute le plus souvent cité : « Mais dans un coin
de ma tête, j’entendais au loin Che Guevara et Debussy sur un rythme disco
», qui mêle romantisme (par l’orchestration) et modernité (par le rythme),
bien que ce fut une idée de Trevor Horn, le co-producteur de la chanson,
c’est un bon condensé de ce que peut être le style musical des Boys :
de la dance sensible et intelligente. Et il y a ce refrain : « Je pourrais
t’aimer, si j’essayais...et livré à moi-même, je le ferais probablement
», confession de Neil, un rien blasée et hésitante, sur l’amour. |
A noter
que le titre est une expression idiomatique commune pour les Anglais mais
inusitée par les Américains. |
« It’s alright
» fut d’abord enregistrée par un de ses co-auteurs, Sterling Void. Neil
et Chris entendirent le titre, l’apprécièrent et décidèrent d’en faire
une reprise. C’est une chanson puissante sur l’immortalité de la musique,
la force qu’elle donne à l’humanité en la maintenant dans l’espoir, face
à des problèmes planétaires de tout ordre. Neil a même ajouté des paroles
supplémentaires à la chanson, de nature encore plus écologique : |
« Les forêts
disparaissent à vue d’oeil, La Terre se meurt et le désert la remplace,
Des peuples sous pression, A deux doigts de la famine, J’espère que tout
ira bien » |
La version
de l’album est dominée par un simple piano répétitif, mais sur le single,
remixé par Trevor Horn, le piano a été remplacé par une ligne de synthé
plus élaborée. Certains remixes comprennent encore plus de paroles ajoutées
par Neil, incluant des références à « un homme d’état à un carrefour ».
Certains y ont vu une allusion au dictateur Ceaucescu, mais Neil a affirmé
qu’il s’agissait en fait de Mikhaïl Gorbatchev et des changements qu’il
opérait pour l’Union Soviétique (et le monde en général). Quant à la vidéo
et ses bambins, elle représente parfaitement les paroles de la chanson,
l’enfant représentant l’espoir pour l’humanité future. |
« So hard
» fut le 1er single de Behaviour et comme tous leurs premiers singles,
il sortit bien avant l’album. C’est une chanson marrante et triste à la
fois, sur les infidélités mutuelles d’un couple, qui résultent en une
rupture de confiance de l’un envers l’autre. |
On ne peut
s’empêcher, à lire les paroles, de penser que les deux protagonistes de
la chanson se méritent, la meilleure phrase étant : « On a tous les deux
arrêté de fumer, parce que c’est mortel, alors à qui sont ces allumettes
? » |
Neil a confirmé
ce qui pendant longtemps fut une rumeur : à certains endroits de la chanson,
c’est bien un sample tiré d’un film porno qui prononce « so hard »! Il
faut bien tendre l’oreille pour l’entendre dans la version single et celle
de l’album mais sur certains remixes (le « Red zone mix » en particulier)
on peut l’entendre distinctement. Certains disent que c’est un homme,
Neil a affirmé que c’est une femme. Aussi, ceux qui avaient vu un jeu
de mot grivois dans le titre avaient bien raison. |
« Being
boring » fut inspiré par une citation de Zelda Fitzgerald, la femme de
l’auteur américain Scott Fitzgerald (« ...la femme de quelqu’un, un écrivain
célèbre dans les années 20...) qui disait: « Elle refusait de s’ennuyer
fermement parce qu’elle n’était pas ennuyeuse. Elle était consciente que
ce qu’elle avait accomplit était ce qu’elle avait toujours eu envie de
faire. » Le fait que Neil ait trouvé cette citation inspirante est très
révélatrice : il l’utilise comme tremplin d’une réflexion sincère sur
le tournant que sa vie a pris, rendue douce par le succès et la gloire
mais amère aussi à cause du Sida, qui a provoqué dévastation personnelle
et sociale. Neil a affirmé que cette chanson a été inspirée en particulier
par la mort de son ami de toujours, Chris Dowell, des suites de cette
maladie, dont l’enterrement lui avait aussi inspiré « Your funny uncle
». |
Les Pet
Shop Boys ont cité cette mélancolique et magnifique chanson comme l’une
de leurs plus grandes réussites. La mélodie et les arrangements sont non
seulement magistraux, mais Neil a également écrit ses paroles les plus
touchantes : « Je n’ai jamais rêvé que je pourrais être la créature que
j’ai toujours voulu être. » (Notez encore une fois l’influence de Zelda
F.) |
Dans une
version raccourcie, cette chanson a servi de second single à leur 3ème
album, Behaviour. La vidéo l’accompagnant, réalisée par Bruce Weber, fut
célèbre à l’époque pour ses nus masculins et son noir&blanc très esthétique.
À présent, comme la chanson elle-même, elle est reconnue comme un classique
du genre. |